Alors puisque notre ami barbu plus commercial qu’artiste, plus costard cravate que jeune visionnaire et surement plus Empire que Rébellion se réexpose aux sabres-laser des anciens fans déçus (dont je fais aussi partie), autant nous remater (et dans l’ordre de parution s’il-vous-plait) l’hexalogie complète :
Retour sur les coulisses des six films les plus controversés de l’histoire du cinéma, attention les yeux, on passe en vitesse lumière !
Partie 1 : La Trilogie
Star Wars IV : La Guerre des Etoiles
Bon Sûrement l’épisode le plus connu de la trilogie tout simplement parce qu’il est le premier, celui qui pose cet univers d’une infini complexité et de la plus grande cohérence qui a à lui tout seul attisé tous les fantasmes des geeks du monde entier d’hier comme d’aujourd’hui : j’ai nommé « La Guerre des Etoiles »… devenu « Star Wars »… puis « Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir »… puis « Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir : l’Edition Spéciale »… et enfin Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir : L’Edition Spéciale DVD de l’Edition Spéciale »…
Et dans ce cas-là qu’est-ce qu’on dit ? Merci George !
Et oui il va falloir s’en remettre mais Lucas, soutenu par toute une mythologie internet qui tiens plus au culte de la personnalité qu’à la réelle fanatitude et qui le pose comme seul homme responsable du succès de Star Wars, ne maitrisait pas forcément les tenants et les aboutissants des mythes puissamment évocateurs qui transcendent la Saga !
En effet, si ce premier épisode de la Trilogie fut une bombe au box-office et une œuvre aux thèmes universels c’est surtout parce qu’elle faisait référence à des œuvres préexistantes et a une volonté anthropo-philosophique de faire de l’épopée épique, un mythe dans lequel tout à chacun pourrait se reconnaitre. Ce premier film est donc plus le fruit d’une équipe brillante, talentueuse et visionnaire que d’un seul homme.
Et c’est là que le bât blesse puisque tandis que beaucoup s’astiquent sur cet univers dépeint avec une originalité absolue (en réalité un mix d’influences et d’aspects empruntés aux mythes scandinaves, aux films de samouraïs et aux space western à la Flash Gordon) d’autres ont pu lire les premières versions du scénario de Lucas qui était vous l’avez devinés tout à fait faiblardes…
Alors heureusement que l’ami George, businessman en devenir, savait parfaitement s’entourer de collaborateurs d’un tout autre niveau ! Et parmi eux, il faudra absolument retenir le nom de Gary Kurtz, ami de Lucas et génial producteur de l’Episode IV qui permit à ce dernier de naitre sous un jour bien plus favorable puisqu’il aida George Luca à resserrer son récit (pour des raisons de budget d’accord mais aussi artistiques).
Car effectivement, l’une des forces de ce premier épisode tient presque plus dans ce qu’il suggère que dans ce qu’il montre. Souvenez-vous des décors en carton de la planète Tatooïne qui pourtant laissaient imaginer tout un univers contrôlé par un empire dictatorial, un côté far west qui parle de contrebandiers, de gens en marge de la société : de la Banlieue de la Galaxie !
Alors si l’on doit accorder un crédit (républicain) à Lucas dans ce premier épisode, outre le fait qu’il ait su écouter ses amis de l’époque (Coppola, Spielberg et Gary Kurtz), c’est son appropriation des travaux de deux hommes :
Ralph McQuarrie, ancien ingénieur qui fut à l’origine de presque tout l’univers graphique du film, mais surtout Joseph Campbell, écrivain, orateur, anthropologue et mythologue américain travaillant dans les domaines de la mythologie comparée et de la religion comparée et notamment pour sa théorie du monomythe (étude très poussé dans « Le Héro aux Mille visages » qui démontre notamment que la structure même du mythe dans quelle civilisation que ce soit est toujours la même et qui suppose donc qu’un récit mythologique fondateur soit à l’origine de tous les autres : Un héros, l’appel de la quête, refus de la quête, rencontre d’un mentor qui le confronte à lui-même, quête intérieur qui doit se révéler à l’extérieur par le meurtre symbolique du père etc…). Ça ne vous rappelle rien ? Le Seigneur des Anneaux, Matrix, Star Wars, Dune, Avatar, Le Roi Lion ? Bref tous les grands mythes du XXème siècle.
Un livre, donc, qui inspirera Lucas pour construire thématiquement et scénaristiquement toute la saga. Reste à savoir qui sont réellement, dans l’équipe de Lucas, ceux qui comprirent la théorie génial de Campbell dans ce qu’elle avait d’universel.
Star Wars V : L’Empire Contre-attaque
Et bien voici l’épisode phare de la trilogie à mon sens (et à celui de beaucoup d’autres), l’épisode le plus tragique et shakespearien de la Saga Star Wars, celui que la plupart des fans reconnaissent, non sans raison, comme le meilleure des six, j’ai nommé « L’Empire Contre-attaque » !
Et là encore au risque de vous décevoir, ce nouvel opus doit plus son succès à une équipe de collaborateur qu’à Big Brother en personne…
En Effet, suite à la réussite interplanétaire du précédent film, et grâce aux retombées financières engrangées par cette dernière, Lucas, qui pouvait enfin se libérer du joug des grosses maisons de production et de leurs carcans moralistes, se lança dans la construction d’un empire cinématographique autonome capable de mettre en marche des productions ambitieuses sans aide extérieure. (C’est d’ailleurs en partie grâce à son idée, folle pour l’époque, de récupérer l’intégralité des droits sur le merchandising Star Wars, que cette idée put voir le jour).
Mais alors, business is business, car occupé à jouer à Mr Monopoly en Californie, Lucas préféra confier la production de son film au génial Gary Kurtz, sa réalisation au très bon Irvin Kershner (son ancien professeurs, réalisateur de talent mais surtout d’expérience) et le scénario pour sa majeur partie à Lawrence Kasdan (qui écrira un an plus tard celui des Aventuriers de l’Arche Perdu).
Ce furent donc les collaborateurs de Lucas, motivés et fascinés par l’œuvre de Joseph Campbell, qui sont en réalité les véritables créateurs du film que nous connaissons aujourd’hui. Cette ambigüité entre Lucas et Kasdan sur l’écriture du scénario de l’Empire Contre-Attaque mènera d’ailleurs la communauté de fan à se demander lequel des deux fut à l’origine du twist final de cet opus résumé en une phrase : « Non, je suis ton père ! ».
Néanmoins, on peut encore accorder à George Lucas le prestige d’être comme d’habitude un financier visionnaire et un commercial de génie puisqu’il sut une fois encore parfaitement à qui confier son film tout en y injectant la quasi-totalité des recettes engrangées par le précédent !
Et pendant que Kurtz et ses hommes se débattaient avec les galères de tournage pour concevoir l’épisode le mieux écrit et réalisé de cette Saga, Lucas se débattait en Californie pour monter son empire (vérité que beaucoup de fans ne veulent pas entendre et qui prête à reconsidérer l’implication artistique de Big George dans son meilleur film…)
C’est d’ailleurs en visionnant les premiers montages du film que la colère de Lucas, se sentant dépossédé de son œuvre, s’abattit sur Kurtz et Keshner et le poussa à vouloir remonter tout le film pour une nouvelle version qui lui conviendrait. Seconde version que tous ses collaborateurs rejetèrent plaçant ainsi César dans une position difficile puisqu’il dut se plier à la première version tout en essayant de ne pas trop laisser s’effriter la confiance qu’il plaçait en ses subalternes…
A la sortie du film pourtant, le clash se produisit et Lucas coupa les ponts avec Kurtz et nombre de ses collaborateurs.
A la suite de cette purge Stalinienne, se dire que des hommes ayant travaillé sur les deux plus gros blockbusters de l’histoire du cinéma à des postes aussi important, en en ayant même apporté les fondements philosophique se retrouvèrent condamnés à tomber dans l’oubli nous révolte presque autant que nous éclaire sur pourquoi la suite de Star Wars est devenue ce qu’elle est devenue.
Mais pour ne pas cracher dans la soupe et se concentrer sur l’impact émotionnel qu’à eu ce film sur l’inconscient collectif d’au moins deux générations, n’oublions pas que si l’Empire Contre-Attaque est le Star Wars qui m’a le plus marqué, c’est aussi celui qui peut être est le moins spectaculaire. Car outre la scène fantastique de bataille sur Hoth, la planète de glace au début du film, la suite ne parle que de l’humain, de l’amour impossible, de la fin de l’innocence et du cheminement intérieur d’un héros pour vaincre ses peurs, son alter ego et se confronter à lui-même par l’intermédiaire du mentor : Yoda.
C’est donc à travers ces mythes universels et puissamment évocateurs que notre jeunesse comme celle de nos parents à perçu et perçoit encore le meilleure Star Wars et peut être aussi le dernier. Alors faites-vous plaisir en vous replongeant dans cet opus ténébreux qui incarne ce qu’aurait dû être l’ensemble de la trilogie.
Star Wars VI : Le Retour du Jedi
Désormais seul en haut de sa montagne d’or, ne supportant plus que quiconque conteste ses choix, nouveau bâtisseur d’empire tyrannique, Lucas allait reprendre les rênes de sa Saga pour le résultat que l’on sait, bourré d’ourses en peluche cul-cul-la-praline : j’ai nommé « Le Retour du Jedi » !
Le troisième opus de la mythique trilogie de George Lucas, œuvre contradictoire, hybride, encore emprunte du travail mythologique de ses collaborateurs sur les deux opus précédents mais qui vrille façon Festen vers une fin plus que bucolique.
Pour beaucoup de fans en effet, ce film porte déjà les prémices de la dégénérescence future de notre Saga spatiale préférée.
Désormais l’un des hommes les plus importants de l’industrie cinématographique, obsédé par l’émancipation de son empire industriel, Lucas, devenait à cette époque lentement l’archétype même du costard-cravate qu’il avait toujours détesté à ses débuts. Enchainant, pendant la préparation du film, les procès pour droit d’auteur, et toujours peu disposé à s’impliquer dans la réalisation de son film sans pour autant avoir pardonné à ces anciens collaborateur, George Lucas préféra confier la réalisation de « son » œuvre à un Yes-Man dont il est inutile de retenir le nom et qui décèdera trois ans plus tard (histoire de karma sans doute).
Et même si il garda Lawrence Kasdan pour le scénario, il était cette fois-ci hors de question de remettre ses choix en cause, aussi absurdes pouvaient-il être.
En effet, là où Kasdan et les anciens voulaient clore le film en appuyant une fois de plus sur sa puissance mythologique, ce qui devait aboutir à la mort de Han Solo (comme sacrifice du personnage hésitant entre engagement et égoïsme) et au meurtre symbolique du père (et même littérale de Vador par son fils et non par l’empereur qui devait rester dans l’ombre comme menace omniprésente et éternelle du mal et de la corruption sur le monde).
Lucas préféra alors, sur les conseils de sa mère (véridique !) appuyer le manichéisme, nous infliger les ridicules Ewook, laisser vivre Han Solo et rendre, sur la fin du film Dark Vador mignon tout plein en sauvant son fils des griffes de l’empereur…
Cohérent, oui sans doute mais dans la vision cul-cul-beni-oui-oui-et-va-te-tamponner-l’oreil-avec-la-tongue-d’un-nazgul hollywoodienne que l’on connait bien. Car qui regarde un peu les grands mythes, sait qu’ils sont tragiques et nous apportent une vérité souvent biaisée et jamais absolue.
Le film fit donc un carton chez les mioches mais déçut beaucoup de fan de la première heure ne se retrouvant plus dans la construction scénaristique du héros qui avait donné aux premiers opus leur souffle universel (souffle dévoyé au profit du seul spectacle enfantin).
Or, il n’est pas bien difficile de comprendre pourquoi Lucas ne continua pas sur sa lancée en tournant les épisodes I, II et III : Car porté dans sa jeunesse par son amour du cinéma expérimental (Chris Marker en personne, réalisateur du court métrage « La jetée » encensait déjà son film de fin de projet), Lucas devenait désormais le symbole du divertissement ultra libéral.
Et de son aveu même, à la sortie du Retour du Jedi, Lucas avançait que Star Wars avait pris trop de place dans sa vie, une façon simple de dire que le succès commercial a sûrement dépassé ses ambitions de réaliser des œuvres importantes et expérimentales sur ce qu’il avait lu et compris de Campbell.
Alors George Lucas serait-il de venu son propre Dark Vador ? Laissant de temps à autres ses idéaux de côté, pour n’en avoir plus que des fulgurances lors d’interviews et plutôt que d’affronter cette contradiction et la frustration qu’elle devait susciter en lui, Lucas préféra continuer sa longue fuite en avant dans un empire entièrement voué au culte de l’argent quitte à ébranler par la suite les fondements artistiques de son œuvre, comme en témoigne les éditions spéciales sorties en 1997 ou de la version 2004 (effacement numérique de la tête de l’acteur de Dark Vador, David Prowse, au profit de Mr Je-Joue-Dans-Une-Pub-Golden-Grahams en personne : Hayden Christensen ! Un minimum de respect aurait été de rigueur…)
Ce film reste néanmoins un spectacle total, certes plombé par son spectacle digne du muppet show, mais gorgé de scènes absolument jouissives (scènes de poursuite motos volantes dans la forêt inoubliable). On reste donc toujours bouche bée, émerveillés comme des gosses devant l’ampleur d’un univers devenu un puits à fantasmes pour tous les geek de la planète !
En Hommage à Gary Kurtz, Ralph McQuarrie, Irvin Keshner, Lawrence Kasdan et Joseph Campbel.
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